đŸŸ„ [Extrait] Pas de dĂ©sĂ©quilibre significatif pour une clause (non ambiguĂ«) qui, sans priver l’emprunteur de recourir Ă  un juge, prĂ©voit l’exigibilitĂ© anticipĂ©e du prĂȘt sans prĂ©avis en cas de fourniture de renseignements inexacts

Faits :

Selon l’arrĂȘt attaquĂ© (Paris, 3 aoĂ»t 2018), suivant offre acceptĂ©e le 30 novembre 2011, la sociĂ©tĂ© CrĂ©dit du Nord (la banque) a consenti un prĂȘt immobilier Ă  M. X… et Ă  Mme Y… (les emprunteurs). Les conditions gĂ©nĂ©rales du contrat prĂ©voyaient Ă  l’article 9-1 une exigibilitĂ© du prĂȘt par anticipation, sans que le prĂȘteur ait Ă  remplir une formalitĂ© judiciaire quelconque, en cas de fourniture de renseignements inexacts sur la situation de l’emprunteur, dĂšs lors que ces renseignements Ă©taient nĂ©cessaires Ă  la prise de dĂ©cision du prĂȘteur.

Soutenant que les emprunteurs avaient produit de faux relevĂ©s de compte Ă  l’appui de leur demande de financement, la banque s’est prĂ©value de l’article 9.1 des conditions gĂ©nĂ©rales du contrat pour prononcer la dĂ©chĂ©ance du terme, puis les a assignĂ©s en paiement.

Raisonnement de la cour d’appel :

L’arrĂȘt relĂšve que la stipulation critiquĂ©e limite la facultĂ© de prononcer l’exigibilitĂ© anticipĂ©e du prĂȘt aux seuls cas de fourniture de renseignements inexacts portant sur des Ă©lĂ©ments dĂ©terminants du consentement du prĂȘteur dans l’octroi du prĂȘt et ne prive en rien l’emprunteur de recourir Ă  un juge pour contester l’application de la clause Ă  son Ă©gard. Il ajoute qu’elle sanctionne la mĂ©connaissance de l’obligation de contracter de bonne foi au moment de la souscription du prĂȘt.

Solution de la Cour de cassation [rejet du pourvoi] :

De ces constatations et Ă©nonciations, la cour d’appel, qui a implicitement mais nĂ©cessairement retenu que la rĂ©siliation prononcĂ©e ne dĂ©rogeait pas aux rĂšgles de droit commun et que l’emprunteur pouvait remĂ©dier Ă  ses effets en recourant au juge, a dĂ©duit, Ă  bon droit, que, nonobstant son application en l’absence de prĂ©avis et de dĂ©faillance dans le remboursement du prĂȘt, la clause litigieuse, dĂ©pourvue d’ambiguĂŻtĂ© et donnant au prĂȘteur la possibilitĂ©, sous certaines conditions, de rĂ©silier le contrat non souscrit de bonne foi, ne crĂ©ait pas, au dĂ©triment du consommateur, un dĂ©sĂ©quilibre significatif entre les droits et obligations des parties.

Le moyen, qui s’attaque en sa cinquiĂšme branche Ă  des motifs surabondants, n’est pas fondĂ©.


Cass. 1civ., 20 janvier 2021, n°18-24.297