đŸŸ„ Quand la rigueur procĂ©durale s’impose : les consĂ©quences de l’intervention d’un stagiaire judiciaire lors d’un dĂ©libĂ©rĂ©

Dans cette affaire, la Cour de cassation met en exergue l’importance du respect strict des rĂšgles de procĂ©dure lors des dĂ©libĂ©rations en cour d’assises. Cette dĂ©cision rappelle les limites imposĂ©es quant Ă  la participation de personnes en stage dans le cadre des dĂ©tachements judiciaires, et illustre comment une irrĂ©gularitĂ© peut entraĂźner l’annulation d’un jugement pĂ©nal.

I. Contexte et faits de l’espùce

A. Les faits ayant conduit à la décision

Dans l’affaire analysĂ©e, un homme Ă©tait poursuivi pour des faits de viol et d’agression sexuelle aggravĂ©e. CondamnĂ© en premiĂšre instance Ă  quinze ans de rĂ©clusion criminelle, cinq ans de suivi socio-judiciaire et Ă  l’interdiction dĂ©finitive d’exercer une activitĂ© en lien avec des mineurs, le jugement a Ă©tĂ© remis en cause et fut annulĂ© Ă  cause d’un vice de procĂ©dure relatif Ă  la participation non autorisĂ©e d’un stagiaire judiciaire aux dĂ©libĂ©rations de la cour d’assises.

B. La particularité de la participation du stagiaire

Lors des dĂ©bats, il a Ă©tĂ© constatĂ© qu’un stagiaire, dĂ©tachĂ© judiciaire auprĂšs de la Cour d’appel de Versailles, avait assistĂ© aux dĂ©libĂ©rations et exercĂ© une voix consultative. Cette intervention pose la question de la conformitĂ© de la procĂ©dure, compte tenu des restrictions prĂ©vues par l’ordonnance n°58-1270 du 22 dĂ©cembre 1958, notamment ses articles 19 et 41-3 qui encadrent strictement la participation lors des dĂ©libĂ©rations.

II. Les fondements juridiques de l’annulation

A. Les dispositions applicables

Les articles 19 et 41-3 de l’ordonnance n°58-1270 du 22 dĂ©cembre 1958 prĂ©voient que les personnes effectuant un stage prĂ©alable Ă  un dĂ©tachement judiciaire peuvent assister aux dĂ©libĂ©rations des cours d’assises. Toutefois, elles ne sont pas habilitĂ©es Ă  participer activement au dĂ©libĂ©rĂ© en exerçant une voix consultative. 

B. Analyse de la violation de procédure

Selon le compte rendu officiel des dĂ©bats, la cour d’assises a dĂ©libĂ©rĂ© en prĂ©sence du stagiaire qui, de maniĂšre consultative, a participĂ© aux Ă©changes menant au verdict. En enfreignant ce principe, la juridiction a commis une irrĂ©gularitĂ© susceptible de remettre en cause la rĂ©gularitĂ© de la procĂ©dure pĂ©nale. La Cour de cassation a ainsi jugĂ© que cette participation non conforme Ă©tait de nature Ă  entraĂźner l’annulation de la dĂ©cision.

III. La portée de la décision

Par cette dĂ©cision, la Cour de cassation annule non seulement la condamnation pĂ©nale, mais Ă©galement la dĂ©cision intervenant sur les intĂ©rĂȘts civils. L’affaire est renvoyĂ©e devant une nouvelle formation de la cour d’assises, qui devra rejuger l’affaire dans le respect strict des rĂšgles de procĂ©dure, notamment en garantissant l’absence de participation non autorisĂ©e de stagiaires dans le dĂ©libĂ©rĂ©.

Cet arrĂȘt rendu par la Cour de cassation constitue un rappel ferme de l’importance du respect des rĂšgles de procĂ©dure en matiĂšre pĂ©nale. En annulant la dĂ©cision pĂ©nale pour la participation irrĂ©guliĂšre d’un stagiaire lors des dĂ©libĂ©rations, la haute juridiction affirme que, quelle que soit la gravitĂ© des faits reprochĂ©s, la rĂ©gularitĂ© du procĂšs doit ĂȘtre assurĂ©e.

Source : Cour de cassation, chambre criminelle, 26 mars 2025, n° 23-14.322