Dans cette affaire, la Cour de cassation met en exergue lâimportance du respect strict des rĂšgles de procĂ©dure lors des dĂ©libĂ©rations en cour dâassises. Cette dĂ©cision rappelle les limites imposĂ©es quant Ă la participation de personnes en stage dans le cadre des dĂ©tachements judiciaires, et illustre comment une irrĂ©gularitĂ© peut entraĂźner lâannulation dâun jugement pĂ©nal.
Au sommaire :
I. Contexte et faits de lâespĂšce
A. Les faits ayant conduit à la décision
Dans lâaffaire analysĂ©e, un homme Ă©tait poursuivi pour des faits de viol et dâagression sexuelle aggravĂ©e. CondamnĂ© en premiĂšre instance Ă quinze ans de rĂ©clusion criminelle, cinq ans de suivi socio-judiciaire et Ă lâinterdiction dĂ©finitive dâexercer une activitĂ© en lien avec des mineurs, le jugement a Ă©tĂ© remis en cause et fut annulĂ© Ă cause dâun vice de procĂ©dure relatif Ă la participation non autorisĂ©e dâun stagiaire judiciaire aux dĂ©libĂ©rations de la cour dâassises.
B. La particularité de la participation du stagiaire
Lors des dĂ©bats, il a Ă©tĂ© constatĂ© quâun stagiaire, dĂ©tachĂ© judiciaire auprĂšs de la Cour dâappel de Versailles, avait assistĂ© aux dĂ©libĂ©rations et exercĂ© une voix consultative. Cette intervention pose la question de la conformitĂ© de la procĂ©dure, compte tenu des restrictions prĂ©vues par lâordonnance n°58-1270 du 22 dĂ©cembre 1958, notamment ses articles 19 et 41-3 qui encadrent strictement la participation lors des dĂ©libĂ©rations.
II. Les fondements juridiques de lâannulation
A. Les dispositions applicables
Les articles 19 et 41-3 de lâordonnance n°58-1270 du 22 dĂ©cembre 1958 prĂ©voient que les personnes effectuant un stage prĂ©alable Ă un dĂ©tachement judiciaire peuvent assister aux dĂ©libĂ©rations des cours dâassises. Toutefois, elles ne sont pas habilitĂ©es Ă participer activement au dĂ©libĂ©rĂ© en exerçant une voix consultative.Â
B. Analyse de la violation de procédure
Selon le compte rendu officiel des dĂ©bats, la cour dâassises a dĂ©libĂ©rĂ© en prĂ©sence du stagiaire qui, de maniĂšre consultative, a participĂ© aux Ă©changes menant au verdict. En enfreignant ce principe, la juridiction a commis une irrĂ©gularitĂ© susceptible de remettre en cause la rĂ©gularitĂ© de la procĂ©dure pĂ©nale. La Cour de cassation a ainsi jugĂ© que cette participation non conforme Ă©tait de nature Ă entraĂźner l’annulation de la dĂ©cision.
III. La portée de la décision
Par cette dĂ©cision, la Cour de cassation annule non seulement la condamnation pĂ©nale, mais Ă©galement la dĂ©cision intervenant sur les intĂ©rĂȘts civils. Lâaffaire est renvoyĂ©e devant une nouvelle formation de la cour dâassises, qui devra rejuger lâaffaire dans le respect strict des rĂšgles de procĂ©dure, notamment en garantissant lâabsence de participation non autorisĂ©e de stagiaires dans le dĂ©libĂ©rĂ©.
Cet arrĂȘt rendu par la Cour de cassation constitue un rappel ferme de lâimportance du respect des rĂšgles de procĂ©dure en matiĂšre pĂ©nale. En annulant la dĂ©cision pĂ©nale pour la participation irrĂ©guliĂšre dâun stagiaire lors des dĂ©libĂ©rations, la haute juridiction affirme que, quelle que soit la gravitĂ© des faits reprochĂ©s, la rĂ©gularitĂ© du procĂšs doit ĂȘtre assurĂ©e.
Source : Cour de cassation, chambre criminelle, 26 mars 2025, n° 23-14.322