đŸŸ„ [Extrait] Le juge doit, avant tout jugement au fond, ordonner une mesure d’expertise Ă  l’Ă©gard de la personne qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une mesure de protection (curatelle) sur une partie de la pĂ©riode visĂ©e Ă  la prĂ©vention

Faits :

Il rĂ©sulte de l’arrĂȘt attaquĂ© et des piĂšces de procĂ©dure ce qui suit.

Sur la plainte initiale dĂ©posĂ©e par M. B… Y…, le 27 mai 2017, Mme A… X… Ă©pouse Z…, sa belle-mĂšre, a Ă©tĂ© poursuivie et citĂ©e Ă  comparaĂźtre des chefs de menace de destruction dangereuse pour les personnes et envois rĂ©itĂ©rĂ©s de messages malveillants commis courant fĂ©vrier 2017. Sur une seconde plainte, Mme X… a Ă©tĂ© citĂ©e pour outrage Ă  personne chargĂ©e d’une mission de service public, commis le 2 juin 2017 sur la mĂȘme victime, professeur des Ă©coles.

Mme X… a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un rĂ©gime de curatelle ordonnĂ© par le juge de paix du district du Lavaux (Suisse), mesure levĂ©e par celui-ci, le 28 avril 2017.

Par jugement en date du 16 novembre 2017, le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains, joignant les deux procĂ©dures, a dĂ©clarĂ© la prĂ©venue coupable des faits qui lui Ă©taient reprochĂ©s, l’a condamnĂ©e Ă  une peine d’emprisonnement de quatre mois, et a prononcĂ© sur les intĂ©rĂȘts civils.

Mme X… a relevĂ© appel principal de ce jugement le 22 novembre 2017, et le ministĂšre public appel incident le 23 novembre 2017.

Texte appliqué :

Vu l’article 706-115 du code de procĂ©dure pĂ©nale :

Il rĂ©sulte de ce texte que toute personne majeure bĂ©nĂ©ficiant d’une mesure de protection juridique faisant l’objet de poursuites pĂ©nales doit ĂȘtre soumise avant tout jugement au fond Ă  une expertise mĂ©dicale afin d’évaluer sa responsabilitĂ© pĂ©nale au moment des faits.

Le dĂ©faut d’expertise porte une atteinte substantielle aux droits de la personne poursuivie bĂ©nĂ©ficiant d’une mesure de protection juridique Ă  l’époque des faits, en ce qu’il ne lui permet pas d’ĂȘtre jugĂ©e conformĂ©ment Ă  son degrĂ© de responsabilitĂ© pĂ©nale.

Solution de la Cour de cassation :

En dĂ©clarant la prĂ©venue coupable et en prononçant une peine Ă  son encontre, sans avoir prĂ©alablement ordonnĂ© une mesure d’expertise afin de dĂ©terminer son degrĂ© de discernement au moment des faits, alors qu’elle avait bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une mesure de protection juridique sur une partie de la pĂ©riode visĂ©e Ă  la prĂ©vention, la cour d’appel a mĂ©connu le texte susvisĂ©.

La cassation est donc encourue.


Cass. Crim., 16 décembre 2020, n°19-83.619