Dans cet arrĂȘt de la Cour de cassation en date du 8 janvier 2020 (1), une sociĂ©tĂ© reproche Ă la cour dâappel de sâĂȘtre prononcĂ©e sur la lĂ©galitĂ© et la force obligation dâun courrier signĂ© « pour le prĂ©fet et par dĂ©lĂ©gation, le directeur ».
Pour cette derniÚre :
Le courrier du 22 novembre 2010 arguĂ© par la sociĂ©tĂ© Tereos de dĂ©cision du prĂ©fet ne peut en aucun cas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme tel, celui-ci nâĂ©manant pas du prĂ©fet mais de la direction des affaires juridiques et de lâadministration locale de la prĂ©fecture de la Somme, signĂ© âPour le PrĂ©fet et par dĂ©lĂ©gation, le directeurâ, se bornant Ă donner âune suite favorableâ Ă un projet, ne contenant donc aucune obligation, ne mentionnant par ailleurs aucun dĂ©lai et voie de recours possible et ne faisant rĂ©fĂ©rence Ă aucune autre dĂ©cision ni un quelconque arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral et nâĂ©tant dâailleurs adressĂ©e quâĂ la sociĂ©tĂ© Tereos.
La Cour de cassation, au visa du principe de la séparation des autorités administratives et judiciaires ainsi que de la loi des 16-24 août 1790 et du décret du 16 fructidor an III, énonce dans un attendu de principe que :
Il rĂ©sulte du principe et des textes prĂ©citĂ©s que, hors les matiĂšres rĂ©servĂ©es par nature Ă lâautoritĂ© judiciaire et sauf dispositions lĂ©gislatives contraires, les tribunaux de lâordre judiciaire statuant en matiĂšre civile ne peuvent porter une apprĂ©ciation sur la lĂ©galitĂ© dâun acte administratif, sauf lorsquâil apparaĂźt, au vu dâune jurisprudence Ă©tablie, que cette illĂ©galitĂ© est manifeste.
En lâespĂšce, en choisissant dâĂ©carter un courrier de la direction des affaires juridiques et de lâadministration locale de la prĂ©fecture de la Somme, la cour dâappel a violĂ© les principes et textes susvisĂ©s. Celle-ci, pour la Cour de cassation, sâĂ©tant prononcĂ©e sur la lĂ©galitĂ© du caractĂšre dĂ©cisoire de lâacte administratif unilatĂ©ral.
1: Cass., 1civ., 8 janvier 2020, n°19-10.001